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Message de Stewart Cole : après 500 jours

« Chers collègues,

La 131e année de l’Institut Pasteur est déjà bien entamée et voilà déjà plus de 500 jours que j’ai pris mes fonctions. Je tenais donc à partager avec vous certaines de mes impressions avant que chacun ne parte en vacances d’été.

Les événements en l’honneur du 130e anniversaire de l’Institut Pasteur, qui se sont achevés en mai, avaient commencé en novembre 2018 par une rencontre au sommet, au succès retentissant, sur la santé globale, suivie d’un symposium international célébrant la diversité des sciences. Ce dernier rendez-vous a été l’occasion de remarquables présentations d’Alumni, de nos scientifiques, jeunes et moins jeunes, et de nos investigateurs principaux, qui auraient mérité, pour certaines, une audience plus importante.

Cette année, une vaste consultation de nos investigateurs principaux a mené à la création des départements Santé globale et Biologie computationnelle, portant à douze le nombre de départements scientifiques et démontrant notre volonté de nous inscrire dans notre temps. Notre prochain objectif consiste à nous assurer une longueur d’avance, mais je suis confiant que la nouvelle génération de directeurs de départements saura préserver la dynamique initiée par leurs prédécesseurs. Il me faut d’ailleurs féliciter le département Biologie computationnelle pour son rôle dans le consortium à l’origine du projet Prairie – une initiative nationale audacieuse visant à mettre l’intelligence artificielle au service de la santé humaine

Le plan stratégique 2019-2023 est en marche et vous pouvez vous tenir informés des avancées concernant les priorités scientifiques via le lien (page en anglais). J’ai été impressionné par l’accueil enthousiaste que la communauté pasteurienne a réservé au plan stratégique et j’y vois là le présage de grandes réalisations. Je souhaite remercier toutes les personnes impliquées, tout particulièrement les responsables des axes scientifiques prioritaires et des actions concertées.

La création de l’Institut de l’Audition a récemment donné une nouvelle impulsion à notre axe Neurosciences. Situé en dehors du campus, ce nouveau centre de l’Institut Pasteur est issu d’une alliance avec la Fondation Pour l’Audition, affiliée à la Fondation Bettencourt-Schueller, principal acteur français du mécénat scientifique. Dirigé par le Professeur Christine Petit, l’Institut de l’Audition ouvrira officiellement dans les mois à venir, mais vous pouvez dès à présent réserver vos journées des 16 et 17 septembre, dates auxquelles se tiendra la conférence scientifique inaugurale au Collège de France.

L’un des objectifs transversaux du plan stratégique est d’interagir davantage avec la société. À titre d’exemple, la récente journée portes ouvertes sur l’autisme a permis à nos chercheurs et praticiens d’expliquer au public la portée de leur travail et son intérêt potentiel pour les personnes touchées par les troubles du spectre autistique. Des initiatives similaires, portant notamment sur l’importance de la vaccination et sur la menace que représentent les maladies transmises par les tiques, sont d’ores-et-déjà prévues.

La direction générale a récemment accueilli notre nouveau directeur international, le Professeur Pierre-Marie Girard, un spécialiste des maladies infectieuses qui a réalisé de nombreux essais cliniques en Afrique. Son expertise donnera un nouvel élan à la direction internationale et représentera un atout pour la création de synergies entre Paris et le Réseau International des Instituts Pasteur.

Le nouveau format de la réunion d’information générale des collaborateurs, plus court, a été très apprécié, comme le confirment les réponses au questionnaire diffusé à l’issue de ce rendez-vous. Comme je l’évoquais dans mon discours et comme le révèlent la plupart des indicateurs de performance (financement compétitif, nombre de publications, reconnaissance internationale…), l’Institut Pasteur se porte bien sur le plan de la recherche scientifique.

Cependant, si certains rapports montrent que nous sommes au-dessus de la moyenne nationale en matière de publications, nous sommes légèrement derrière le nouvel Institut Francis Crick de Londres, fer de lance de la recherche britannique. Louis Pasteur a voulu son institution ouverte et ancrée dans le monde ; soyons fiers d’être un acteur prépondérant sur la scène internationale.

Cela m’amène à un point essentiel : le financement de la recherche. Nous le pressentions tous et le Comité National de Recherche Scientifique (CoNRS) l’a confirmé : du fait d’investissements insuffisants, la France est en retard face à ses concurrents du G20. Mon expérience personnelle m’a permis de constater que le financement moyen de l’Agence Nationale de Recherche (ANR) représente environ un quart de celui attribué par le Fonds national suisse de la recherche scientifique. Nos investigateurs principaux sont donc désavantagés, puisqu’ils doivent passer plus de temps à rédiger des demandes de financement et des rapports. N’oublions pas que la Suisse est le leader mondial en matière de productivité et de publications scientifiques majeures.

Pour nous assurer que nos recherches sont utiles au public et génèrent des revenus, nous pouvons consolider et améliorer leurs applications. À cet égard, la direction des applications de la recherche et des relations industrielles (DARRI) va bientôt lancer « l’Accélérateur d’innovation », une remarquable initiative qui s’articule autour de quatre domaines (technologies, diagnostics, vaccins et traitements) dirigés par des experts dotés d’une solide expérience industrielle. Les projets, sélectionnés selon trois critères (niveau d’innovation, plan de développement et marché potentiel), bénéficieront d’un financement complémentaire de sources internes et externes. L’Accélérateur professionnalisera nos procédures, stimulera les inventions et conduira à la création de start-ups et de spin-offs d’ici cinq à sept ans. Signe encourageant, nous avons observé un net regain d’intérêt de la part de grandes entreprises pharmaceutiques et de biotechnologie, très certainement séduites par notre plan stratégique.

La compétitivité dans le domaine de la recherche est un moteur essentiel de l’excellence attendue à l’Institut Pasteur. Le maintien de l’excellence est nécessaire à la satisfaction de nos publics, à savoir ceux qui ont soif de connaissance, les malades, les personnes défavorisées et la société dans son ensemble. L’excellence récompense également les dons et investissements de nos parties prenantes – le grand public, à l’incroyable générosité, les organismes subventionnaires, les philanthropes et le secteur privé. N’oublions pas non plus nos collaborateurs qui en font toujours plus pour permettre à l’Institut Pasteur de rester performant face à une concurrence mondiale toujours plus rude.

Je tiens enfin à vous souhaiter un excellent 14 juillet, et j’espère que vous profiterez de vos vacances plus que méritées. »

Professeur Stewart Cole
Directeur général

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