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Musée Pasteur : transférer les collections pour mieux les protéger

Dans le cadre des travaux de réhabilitation et de restauration du bâtiment historique de l’Institut Pasteur, le musée Pasteur a entrepris une opération inédite de transfert de ses collections, qui fait suite au chantier des collections.   

Voir ou revoir la vidéo dédiée au chantier des collections
 
Pourquoi transférer les collections du musée Pasteur ? 

 

Dans un bâtiment en chantier, il est indispensable de déplacer les collections pour des raisons de sécurité et de praticité. Ce transfert vise non seulement à préserver les biens culturels d’éventuels dommages, mais aussi à faciliter les interventions sur les décors intérieurs du bâtiment historique.
  
Déménager les collections d’un musée est une opération exceptionnelle et complexe à mettre en œuvre, tant du point de vue de la logistique que de la conservation.

Retour sur ce transfert inédit des collections.   


    
Première étape : préparer le départ des collections


 
Les collections ne pouvant pas être stockées dans leur intégralité sur le site de l’Institut Pasteur, ce dernier a fait appel à un prestataire spécialisé dans le transport et le stockage de collections muséales : la société Chenue. Les espaces de stockage de cette entreprise présentent l'avantage majeur d'être localisés en région parisienne, permettant ainsi à l'équipe du musée de maintenir un accès aisé aux collections pendant toute la durée des travaux, soit environ quatre années, de 2024 à 2027.   
  
Celles-ci ont été méticuleusement conditionnées par les transporteurs de la société Chenue, spécialisés dans la manipulation d’œuvres d’art, puis soigneusement colisées, c'est-à-dire étiquetées sous la supervision de Stéphanie Colin, chargée des collections du musée Pasteur. Ce marquage permet d’assurer la traçabilité des biens culturels.
 
Une vingtaine de camions Chenue d’une capacité de 45 et 50 m3 ont acheminé les collections vers un espace de stockage temporaire localisé au Bourget.   


   
Deuxième étape : anoxier les collections de nature organique   


 
Certaines œuvres et objets du musée ont dû passer par une étape intermédiaire avant le stockage : l’anoxie. Il s’agit d’un traitement de désinsectisation par privation d'oxygène.

Lors de cette étape, les œuvres sont placées dans des chambres étanches ou bulles hermétiques. Le niveau d’oxygène est descendu mécaniquement à 0% en injectant de l’azote pour le remplacer. L’objectif : éliminer tous les insectes qui s’immiscent dans les œuvres et les détériorent. Ce traitement concerne uniquement les collections organiques (faites à partir de bois, de papier ou de textiles), car ce sont elles qui sont susceptibles d’être infestées. En absence d’oxygène pendant 21 jours, aucun insecte présent dans l’œuvre, qu’il soit au stade d'œuf, de larve, de pupe ou d’imago, ne survit. Ce traitement est réalisé dans des conditions de température et d’humidité stables afin que les œuvres ne subissent aucune altération, comme le développement de moisissures ou encore la dilatation du bois et des fibres textiles.     
 
Par mesure préventive, un volume de 224 m3 de collections a ainsi été traité par anoxie, pour rejoindre ensuite l’espace de stockage.   

 
   
Troisième et dernière étape : installer, ranger et formaliser l’adressage des collections
 
 

La phase finale du transfert consiste à installer et organiser ces dernières dans les espaces de stockage définitif de la société Chenue.

Après le transport, on procède à l’adressage : on associe un numéro à chaque palette ou objet, placé sur un rack précis. Ce numéro est noté dans un tableau, rempli au fur et à mesure par le régisseur pour garder une traçabilité. L’œuvre doit rester accessible si on doit la faire restaurer ou organiser un mouvement vers un autre musée”, explique Emma Leprêtre, régisseuse des collections du musée Pasteur.

 

 

Le rangement doit aussi prendre en compte la place disponible, mais surtout la nature des objets.

 

“On gerbe tout ce qui est plus léger sur les racks, et on évite de mettre les matériaux lourds en hauteur, ils restent au sol.” précise Jérôme Tranquille, responsable des sites de conservation Paris Ile-de-France pour la société Chenue.  
 

 

 

Au total, ce sont 400 m3 de collections qui sont aujourd’hui stockées dans les espaces Chenue, dans le respect des conditions de conservation muséales, tout en restant accessibles aux heures d’ouverture de l’entrepôt pour l’équipe du musée Pasteur.  


   

Et maintenant ?     
 

Le transfert des collections s’est achevé mi-novembre 2023. Il a été mené à bien dans les temps impartis et sans encombre. Mission réussie pour l’équipe du musée.

“C’est émouvant de voir le musée se vider”, confie Stéphanie Colin. “C’est bête à dire mais on s’attache aux collections, c’est dur de les voir partir. Elles n’ont jamais autant bougé ! Mais c’est une autre porte qui s’ouvre, et on est fières de pouvoir accompagner les œuvres dans ce cheminement. Je ne suis pas inquiète pour elles, Chenue en prend grand soin”.

 

 

Ce transfert est une première étape pour la transformation du musée, qui accueillera de nouveau ses collections fin 2027, une fois les travaux bâtimentaires achevés. 


    
 
Glossaire  

 


Colisage : préparation matérielle d'une expédition en colis.  

Conditionnement (synonyme d’emballer) : préparation minutieuse des œuvres et objets des collections muséales pour éviter toute dégradation pendant le transport

Anoxie : absence totale d’oxygène

Rack : outil de logistique qui permet d’entreposer des marchandises dans un espace de stockage   

Gerber : ranger en hauteur    

Adressage : référencement des œuvres des collections selon une numérotation précise (sur quel rack, au sol ou en hauteur...)

Crédits photos : Institut Pasteur - François Gardy

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