19 juillet 2024
Bulletin interne de l'Institut Pasteur
Le musée a redécouvert il y a quelques mois douze photomicrographies sur plaque de verre datées de 1867. Présentées jusqu’alors dans l’ancien musée des applications de la recherche à Marnes-la-Coquette, elles témoignent des débuts de l’histoire de la photographie adaptée à l’étude du vivant invisible.
Ces plaques photographiques ont été réalisées au collodion humide, une technique développée à partir de 1851 par Frederick Scott Archer (1813-1857). Ce procédé fut très utilisé jusque dans les années 1880 où il est alors remplacé par les émulsions au gélatino-bromure d’argent, plus stables.
Qu’est-ce que la technique photographique au collodion humide ?
Le collodion est une solution de nitrocellulose dissoute dans un mélange d’éther et d’alcool. Il fut découvert en 1846 par Louis Ménard (1822-1901). Le procédé photographique au collodion humide repose sur l’application d’une émulsion de collodion sur une plaque de verre. Pour rendre le collodion sensible à la lumière, on y ajoute des iodures et des bromures solubles. Une fois la plaque enduite, elle est immergée dans un bain de nitrate d'argent, ce qui la rend photosensible.
Cette technique présente un inconvénient majeur : le négatif doit être préparé, exposé puis développé en un temps très court car une fois sec il devient insensible et impossible à développer. Selon les conditions de température et d’humidité ambiantes, l’opération ne devait pas dépasser 15 à 30 minutes au total.
Ces photomicrographies ont été réalisées à l’époque où Louis Pasteur termine ses travaux sur le vin pour lesquels il reçoit le Grand Prix de l’Exposition Universelle le 1er juillet 1867. Il mène aussi alors des recherches sur la maladie des vers à soie. C’est aussi à cette époque qu’il termine trois années d’enseignement scientifique à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.
Ces plaques de verre témoignent, à leur façon, de ce moment de la vie scientifique de Louis Pasteur et de sa curiosité insatiable. Sur les étiquettes des plaques de verre encore très lisibles, on peut lire : bois de sapin (Pinus abies), viorne (Viburnum lantan), pollen de Cobée (Cobaea scandens), cellules épithéliales humaines, globules rouges, dépôts urinaires d’un individu ayant du diabète, stigmates et branchies de ver à soie, amertume des vins, fleurs de vinaigre (Mycoderma aceti), larve de Psoropte, espèce d’acarien responsable de la gale du cheval.
Les photomicrographies de fleurs de vinaigre se retrouvent dans l’ouvrage les Etudes sur le Vinaigre (1868) de Louis Pasteur.
Estelle Rebourt, restauratrice de photographies anciennes, intervient actuellement sur ces précieuses plaques de verre afin de les nettoyer et de consolider le sertissage qui fixe l’image à la plaque de verre. L'équipe du musée a par ailleurs contacté le centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) afin de déterminer la nature du composé noir qui assure le sertissage.
Regarder la vidéo de la restauration
Quelle différence entre une photomicrographie et une microphotographie ?
La photomicrographie est l’ensemble des techniques photographiques permettant de photographier des sujets à l’aide d’un microscope. Parmi les pionniers de cette technique, Emile Roux, fondateur en 1889 du premier laboratoire de photomicrographie à l’Institut Pasteur.
La microphotographie, inventée par René Dagron (1819-1900), consiste à réaliser des images de très petite taille (1 mm de diamètre). La microphotographie fut très utilisée dans les techniques d’espionnage…
Crédits photos : François Gardy/Institut Pasteur