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Message de Yves Saint-Geours, Président du Conseil d’administration, aux Pasteuriennes et aux Pasteuriens

" Chères Pasteuriennes, chers Pasteuriens,

La publication du rapport du Haut Conseil de l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement supérieur (Hcéres) et du plan stratégique Pasteur 2030 me donne l’occasion de vous exprimer ma position sur la situation de l’Institut Pasteur, dont j’ai l’honneur de présider le Conseil d’administration.

Comme le souligne le rapport du Hcéres, l’institut dispose de nombreux atouts, tout en étant confronté à de nombreux défis internes et externes :

•    Le Hcéres souligne l’excellence de nos activités de recherche, la grande qualité du soutien apporté par l’institut à ses équipes de recherche, aussi bien dans les procédures administratives que dans l'accompagnement des carrières des chercheuses et des chercheurs, l’accès à des équipements technologiques de pointe ainsi que la grande qualité de ses activités d’appui à l’innovation et au transfert de technologie. Le Hcéres relève aussi notre rôle de pionnier dans l'éducation scientifique sur un plan mondial.

•    Dans le même temps, le Hcéres indique que l’Institut Pasteur fait face à de nombreux défis pour maintenir une recherche au plus haut niveau international dans un contexte budgétaire contraint.  Le Hcéres nous propose de prendre plusieurs mesures, en particulier de recentrer nos activités sur plusieurs priorités scientifiques clés, d’accroître les synergies entre ses missions de recherche, d’innovation, d’enseignement et de santé publique, d’anticiper l'enjeu du renouvellement de son personnel scientifique à l’approche de nombreux départs en retraite, de renforcer ses partenariats nationaux et européens et d’accompagner la réforme du Pasteur Network.

Le plan que la Directrice générale a présenté au Conseil d’administration et que celui-ci a approuvé à l’unanimité me semble de nature à permettre de redonner à l’institut toute sa place au plan international et de répondre aux défis qui sont les nôtres. La stratégie est à la fois un art de la conception et de l’exécution. Sur ce dernier point, la Directrice générale vous présentera prochainement sa feuille de route pour l’année qui vient.

Dans ses missions statutaires, le Conseil d’administration vote les budgets et les prévisions de l’institut en matière d’effectifs, en prenant en compte la situation financière et l’objectif de pérennité de l’organisation. Il approuve également les comptes. À ce titre, il est responsable des choix stratégiques faits par l’institut en matière budgétaire et financière.

Je sais qu’il existe des interrogations sur notre capacité budgétaire à exécuter le plan stratégique. En effet, si la situation financière ne doit susciter ni anxiété, ni crainte, elle est à prendre avec sérieux du fait de la dégradation rapide, depuis 2022, de notre équilibre d’exploitation (la différence entre nos recettes et nos charges courantes).

Nous connaissons un déficit structurel depuis plusieurs années, qui en plus s’est brutalement aggravé depuis 2022, en raison de la diminution de nos ressources industrielles et de l’augmentation de nos coûts (inflation et son impact sur la masse salariale, augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières, hausse du coût de la science) et de notre décision de soutenir le développement de nos activités, en particulier scientifiques, et de nos personnels.

Face à cette situation délicate, il n’y a pas de solution miracle. Je tiens à souligner le professionnalisme des équipes de la Direction financière dans l’exercice difficile de prévision budgétaire et le sérieux de leur travail dont l’éthique ne saurait être mise en cause. Le Conseil d’administration a voté pour 2025 un budget qui accepte un déficit important. Le fonds de dotation est, dans ces conditions, ce qui nous permet de faire face aux périodes difficiles, comme c’est le cas actuellement, et de financer nos investissements. Mais il n’est pas un « matelas » qu’on pourrait sans conséquence utiliser aujourd’hui sans penser à demain. En le ponctionnant, au-delà de ce qui est nécessaire pour couvrir nos déficits, nous sacrifierions l’avenir.

L’avenir, c’est aussi les investissements que nous devons faire pour fournir les infrastructures de la science de demain, avec en particulier le Centre dédié au Climat et à l’Environnement qui prendra la place du bâtiment Darré Borrel ou encore la rénovation du bâtiment historique. Ces investissements sont nécessaires et ils sont financés. Nous devons, néanmoins, faire preuve là encore de prudence, raison pour laquelle nous avons bien pris note du fait que la Directrice générale a abandonné le projet de construire un nouveau bâtiment pour le Centre de vaccinologie et d’immunothérapie : celui-ci s’installera dans les locaux existants.

Malgré ce déficit, le budget des activités scientifiques augmente, en particulier les programmes incitatifs, des augmentations de salaire ont été prévues – qui sont en ligne avec la baisse de l’inflation et les augmentations observées dans le secteur privé et public, le recrutement d’un nouveau directeur scientifique et de nouveaux G5 avec un appel à candidature en cours.

Dans ce contexte, le Conseil d’administration a souhaité engager un travail de réflexion, en lien étroit avec la Direction générale, avec des membres du Conseil d’administration et des experts (bénévoles) membres de l’Assemblée des 100 et externes. Ce travail s’étalera tout au long de l’année 2025 et a pour objectif de redéfinir notre modèle économique et de voir comment retrouver des marges de manœuvre financières. Au mois d’avril, avec la Directrice générale, je présenterai aux organisations syndicales la situation financière de l’Institut et les premières pistes de travail, puis les conclusions de ce groupe en fin d’année.  

Le Conseil d’administration est le garant de deux éléments fondamentaux pour notre institut : son ambition de rayonnement scientifique au service de la santé publique et sa pérennité. Même si la porte est étroite, je sais que nous trouverons un chemin d’équilibre entre une rigueur excessive et un laxisme consistant à repousser les choix difficiles qui sont devant nous.

J’ai rencontré récemment le bureau de l’Assemblée des 100 et tous les directeurs de département, et je suis très attentif à la fois à vos projets et aux difficultés auxquelles vous pouvez faire face. C’est donc un message de sérieux mais aussi d’espoir et d’engagement que je souhaitais porter auprès de chacune et de chacun d’entre vous.

Bien cordialement, "

Yves Saint-Geours
Président du Conseil d’administration de l’Institut Pasteur

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