30 août 2019
Bulletin interne de l'Institut Pasteur
La compétition iGEM (international Genetically Engineered Machine), est un concours international de biologie synthétique organisé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Boston. Chaque année, des centaines d'équipes du monde entier s'y retrouvent au mois d'octobre pour présenter leurs projets.
Cette année à l'Institut Pasteur, une équipe composée de dix étudiants travaillant dans des domaines divers tels que la biologie, la physique, la chimie et la propriété intellectuelle a été créée, permettant d’avoir les compétences nécessaires pour concrétiser le projet imaginé : DIANE, DIAgnosis is Now Easier.
Encore aujourd’hui, les méthodes de diagnostic des infections bactériennes sont parfois longues (de l’ordre de 24h), ce qui peut être particulièrement problématique dans les cas de septicémie. Cette dernière tue en effet une personne toutes les cinq secondes dans le monde. Afin d’abaisser ce taux de mortalité, la campagne « Survivre à la septicémie », lancée par la SCCM (Society of Critical Care Medicine) et l’ESICM (European Society of Intensive Care Medicine) en 2016, a élaboré des lignes directrices préconisant d’administrer un traitement antimicrobien empirique dans l’heure qui suit la reconnaissance d’une septicémie sévère ou d’un choc septique chez le patient.
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a reconnu la septicémie comme priorité de santé publique en 2017. C’est dans ce contexte que l’équipe a décidé de créer un dispositif de diagnostic rapide et portable qui pourra indiquer immédiatement aux médecins quelle est la bactérie à l’origine de l’infection, à partir d’un échantillon biologique (sang, expectoration, urine). Un tel dispositif permettrait d’administrer rapidement le traitement antibiotique adapté au patient, évitant l’utilisation d’antibiotiques à large spectre ainsi que certaines erreurs de traitement pouvant conduire à une perte de temps critique pour améliorer l’état de santé du patient.
Le dispositif DIANE est basé sur une méthode de détection bactérienne électrochimique utilisant des aptamères, qui sont des monobrins d’ADN capables de cibler des ligands spécifiques, fixés à des électrodes en nanotubes de carbone. Cet appareil est développé de manière à ce qu’il soit simple d’utilisation, portable et suffisamment résistant pour pouvoir servir à la fois en médecine délocalisée, dans les services d’urgences hospitalières, mais aussi dans des conditions difficiles lors de missions humanitaires. Les perspectives d’utilisation de DIANE ne s’arrêtent pas là, puisque le dispositif est adaptable à la détection de tout organisme infectieux suivant les aptamères disponibles.
Dans le cadre de la compétition, l’équipe iGEM a organisé les 26 et 27 juillet un meet-up européen, réunissant plus de 130 participants provenant de sept pays différents dans les locaux de l’ESME, à deux pas de l’Institut Pasteur. Cet événement a permis aux 20 équipes rassemblées de présenter leur projet devant plusieurs jurys scientifiques provenant de l’Institut Pasteur, de l’école Sup’Biotech et de différentes start-ups. Le président, la vice-présidente d’iGEM et le directeur de la collection de l’iGEM ont fait le déplacement depuis les headquarters situés à Boston pour assister à ce meet-up.
De gauche à droite :
Léa Durix, Quentin Mosagna, Marie Sabatou, Vincent Saverat, Clara Delamare, Ronan Soudy, Elise Cambon, Alexandre Zidat, Laurence Vigne, Maria Vittoria Mazzuoli (coach), Tara Fournier, Deshmukh Gopaul (responsable d’équipe), Chloe Charendoff et Mathieu de Jode (coach).