distinctions

De nouveaux Pasteuriens à l’honneur

  • Cinq Pasteuriens lauréats des Prix 2019 de l'Académie des sciences

Le 26 novembre dernier avait lieu, sous la coupole de l’Institut de France, la cérémonie de remise officielle des Prix 2019 attribués par l’Académie des sciences. À cette occasion, quatre chercheurs pasteuriens ont été distingués.

 

• Lluis Quintana-Murci, lauréat 2019 du Prix de la Fondation Allianz-Institut de France

Le Prix de la Fondation Allianz-Institut de France est décerné chaque année à un chercheur, responsable d'une équipe de recherche médicale ou biomédicale française, dont les travaux ont conduit ou peuvent conduire à des applications cliniques susceptibles d'accroître l'espérance de vie par des actions préventives ou curatives. Ce prix est destiné à favoriser la poursuite de travaux de recherche.

Cette année, le Prix de la Fondation Allianz-Institut de France a été décerné à Lluis Quintana-Murci, directeur de l’unité Génétique évolutive humaine de l’Institut Pasteur, qui a accompli un travail de recherche majeur sur l’étude de la diversité du génome humain, aussi bien d’un point de vue fondamental que d’un point de vue appliqué à la compréhension de certains phénotypes d’intérêt médical, dont la réponse immunitaire.

Ses premiers travaux en génétique ont permis de soutenir l'hypothèse d'une sortie côtière d’Afrique de l’Homme moderne il y a ~60,000 ans. Depuis cette étude, il a utilisé son expertise en génomique évolutive pour s'attaquer à des questions relatives à la diversité génétique et épigénétique de l’espèce humaine, notamment à la façon dont la sélection naturelle - en particulier celle exercée par les pathogènes - a façonné la diversité du génome humain.

Il a aussi étudié la contribution de la variabilité génétique de l’hôte à des différences de réponses immunitaires. Ses études sur l’évolution de la réponse immunitaire ont permis de soutenir la théorie hygiéniste selon laquelle certains allèles qui ont pu être avantagés dans le passé, car conférant un avantage lors d’une infection, seraient aujourd’hui responsables d’une susceptibilité accrue aux maladies auto-immunes et inflammatoires.

Lire le portrait de Lluis Quintana- Murci sur pasteur.fr

 

• Simon Cauchemez, lauréat 2019 du Prix Louis-Daniel Beauperthuy en biologie moléculaire et génomique

Le Prix Louis-Daniel Beauperthuy est un prix biennal décerné à un chercheur (français ou étranger) pour récompenser des travaux d’épidémiologie ayant contribué à améliorer le sort de l’humanité. Cette année, c’est Simon Cauchemez, responsable de l’unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses, qui a été récompensé pour l’application de méthodes innovantes à l’étude de l’épidémiologie de maladies virales (grippe, Ébola, Chikungunya, Zika, dengue, fièvre jaune), bactériennes ou parasitaires.

Les travaux de Simon Cauchemez ont pour objets de comprendre la propagation des agents infectieux émergents et de mieux prévenir et contrôler ces infections. Ils ont une grande importance en santé publique.

 

• Daria Bonazzi, lauréate 2019 du prix Grandes avancées françaises en biologie

« Les grands avancées françaises en biologie » (prix dotés par la Fondation Mergier Bourdeix) de l’Académie des sciences récompensent six jeunes chercheurs, auteurs d’avancées scientifiques majeures en biologie en 2018 ou 2019. Cette année c’est Daria Bonazzi de l’unité Pathogenèse des infections vasculaires, qui s’est vue récompensée pour le sujet suivant : « Des bactéries se comportent collectivement comme un liquide visqueux pour mieux infecter les vaisseaux sanguins ».

 

• Philippe Glaser, lauréat 2019 de la médaille Louis Pasteur de la Fondation André-Romain Prévot

La médaille Louis Pasteur est destinée à récompenser un bactériologiste français pour des recherches ayant permis d’augmenter les connaissances en microbiologie.

Cette année, ce prix est décerné à Philippe Glaser dont l'apport en microbiologie est de tout premier plan et d'une richesse considérable. Philippe Glaser a été le premier à développer une méthode de sélection de bactéries recombinantes s'appuyant sur des interactions protéine-protéine. C'est ensuite sur lui qu’a reposée la coordination de plusieurs programmes de génomique de l'Institut Pasteur.

Ses observations sur l'évolution de certaines bactéries pathogènes ainsi que sur les mécanismes de l'émergence et la dissémination à l'échelle planétaire de souches antibiorésistantes de bactéries pathogènes majeurs sont toutes aussi importantes.

 

• Raphaël Gaillard, lauréat 2019 du Prix Philippe et Maria Halphen

En octobre dernier, l’Académie des Sciences avait également distingué un Pasteurien. Ainsi, Raphaël Gaillard, s’est vu récompensé par le Prix Philippe et Maria Halphen 2019

Ce grand prix annuel a pour vocation de soutenir le développement de projets de recherche concernant la schizophrénie et les dépressions sévères. Le prix est décerné à un chercheur francophone et européen ayant contribué à la mise en évidence chez le malade de nouvelles pistes ou outils thérapeutiques.

Cette année, ce prix a été décerné à Raphaël Gaillard, de l’unité de Neuropathologie expérimentale, conjointement avec Joël Swendsen, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique. Raphaël Gaillard, expert dans le domaine des sciences cognitives, a effectué des travaux sur la dépression à partir d’une observation clinique originale, et sur un modèle expérimental pharmacologique de schizophrénie. Le modèle choisi est celui de la kétamine, antagoniste des récepteurs au glutamate connu pour entraîner des troubles psychiatriques voisins de ce que l’on observe dans cette maladie, à la fois chez des malades et des sujets sains. Plus récemment, partant d’une observation, à savoir la prévalence particulière de la dépression chez les patients atteints de mastocytose, il a proposé une hypothèse, l’effet direct du médicament sur la microglie qui pourrait interférer avec la voie métabolique de la kynurenine.

 

En savoir plus sur les prix de l'Académie des sciences

 

 

  • Carmen Buchrieser distinguée par le Prix Jacques Piraud 2019
     

Les prix scientifiques de la Fondation de recherche médicale (FRM) ont été créés à l’initiative de la Fondation ou de donateurs, pour récompenser des chercheurs ayant apporté une contribution remarquable dans un domaine de la santé. Parmi eux, le Prix Jacques Piraud, issu d’une donation de Marcel Piraud et dédié à son fils, récompense les travaux de recherche sur les maladies infectieuses.

Cette année, c’est Carmen Buchrieser, responsable de l’unité Biologie des bactéries intracellulaires, qui a été récompensée pour l’ensemble de ses travaux sur la mise en évidence et la compréhension de facteurs de virulence à l’origine de la légionellose, une infection pulmonaire grave, potentiellement mortelle chez les personnes âgées ou aux défenses immunitaires affaiblies, est en augmentation dans les pays développés.

Avec son équipe, elle étudie les facteurs génétiques qui confèrent sa virulence à la légionelle et les stratégies qu’elle déploie pour se multiplier à l’intérieur des cellules humaines. Les chercheurs ont notamment montré qu’au cours de leur évolution, les bactéries avaient acquis des gènes codant pour des protéines semblables à des protéines humaines. En les mimant, elles leur permettent de détourner les fonctions des cellules hôtes à leur avantage ; par exemple en modulant le fonctionnement de gènes impliqués dans la réponse immunitaire ou en modifiant le métabolisme cellulaire. Les découvertes de Carmen Buchrieser ont ouvert des perspectives pour la mise au point de tests de diagnostic rapide susceptibles d’améliorer la surveillance des légionelles dans l’environnement. Elles débouchent aussi sur des thérapies ciblant les interactions hôte-pathogène qui pourraient être étendues à d’autres maladies infectieuses.

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